Opéra du Rhin - Théâtre alsacien
Léo Schnug, une figure alsacienne
Le Théâtre alsacien de Strasbourg porte sur les planches actuellement, un fragment de la vie de Léo Schnug (1878-1933), artiste peintre à l’origine des fresques du Haut-Koenigsbourg. De Adler un de Leeb , est une leçon d’histoire patrimoniale signée Stéphanie Schaetzlé et Élisabeth Ritter. À découvrir jusqu’au 17 mars.
Il est né à Strasbourg à l’époque du Reichsland et a grandi à Lampertheim. Léo Schnug, s’il est aujourd’hui peu connu du grand public, a laissé son empreinte, dans de nombreux endroits, notamment à la Maison Kammerzell, et bien sûr au Haut-Koenigsbourg, où il a illustré de scènes de chasse, de joutes, la salle de l’empereur Guillaume II.
C’est de cette période (1911-1914), date des fresques de Schnug, qui s’inscrivaient dans la restauration (1900-1908), de cet ancien château fort par Guillaume II, qu’ont voulu s’emparer Stéphanie Schaetzlé et Élisabeth Ritter. Membres du TAS, elles signent ici leur deuxième pièce.
« Léo Schnug, de part sa personnalité torturée illustre le paradoxe de l’Alsace annexée, tiraillée entre deux entités fortes », commente Stéphanie. C’est donc ce fil historique qui a guidé les deux auteures, dans cette narration mise en scène par Bernard Kolb. « C’est le rôle du théâtre de présenter des personnages comme Schnug, mais c’est difficile aussi, car notre public veut se divertir. Mais on peut se divertir en découvrant une partie de notre patrimoine », estime le metteur en scène.
De Adler un de Leeb ou l’histoire de l’aigle et du lion
Intitulée De Adler un de Leeb , la pièce fait référence à l’aigle impérial allemand et au lion, traduction de Léo en latin. Et dès le lever de rideau, le spectateur est transposé au Haut-Koenigsbourg, dans le Kaisersaal, devant une fresque relatant des joutes entre les Rathsamhausen et les Ribeaupierre. Et c’est ici qu’on découvre Léo Schnug, (Julien Riehl, excellent), l’architecte Bodo Ebhardt (J. Montanari), le baron von Bulach (L. Hoennige) et Guillaume II (Ph. Ritter). Des figures qui déroulent l’histoire de ce chantier artistique, entourées de personnages fictifs, tels l’assistante du maître-verrier (E. Ritter), où la grandiloquente Waltruda von Grafenstein (F. Scharwatt). Un récit où l’histoire de l’artiste, marquée par un père allemand et une mère castratrice (A. Knab), se mêle à l’histoire de la région, au sein de laquelle gravitent ses amis : Charles Spindler (Ch. Laffert), Gustav Stoskopf (Y. Hornecker), ou Elsa Koeberlé (B. Keck), tous membres du cercle de Saint-Léonard. Une pièce qui dresse un beau portrait de cet homme qui avait des penchants pour l’alcool et qui sera interné à l’hôpital de Stephansfeld, jusqu’à sa mort en 1933.
Au final, c’est une pièce à voir pour sa portée patrimoniale, et qui suscitera peut-être l’envie avec les beaux jours de (re) découvrir le Haut-Koenigsbourg !
Christine Kinder
14 mars 2017