La newsletter du TAS, n°16
Après « Wiehnachte in Strossburi », le très beau conte de Noël de Philippe Ritter, plein de poésie et de charme, l'année 2018 démarre en fanfare avec « Eini noch de Ander », l'adaptation par Richard Stroh de la pièce « Le Tombeur », de Robert Lamoureux, reprise en 1986 avec Michel Leeb. C'est Jean-Paul Zimmer qui met en scène ce ballet minutieusement réglé d'un homme aux prises avec ses nombreuses maîtresses... minutieusement réglé, jusqu'à ce que tout dérape, évidemment ! Parmi les conquêtes de José Montanari, qui tient le rôle principal, on retrouve avec plaisir Nicole Burckel, qui a accepté de répondre à quelques questions.
Pour finir, à la fin de ce numéro, ne ratez pas notre annonce de recrutement !
«Eini noch de Ander»
Comédie de Richard STROH
D'après « Le Tombeur », de Robert Lamoureux
Mise en scène : Jean-Paul ZIMMER
Le Théâtre Alsacien Strasbourg poursuit sa saison théâtrale avec la présentation d'une comédie qui laisse à nouveau la part belle au rire et à la bonne humeur. Les amateurs du genre trouveront leur bonheur avec la comédie de Richard STROH, « Eini noch de Ander ». Il s'agit de l'adaptation en alsacien du succès parisien « Le Tombeur », de Robert LAMOUREUX, créée en 1958 et reprise depuis avec Michel LEEB dans le rôle-titre.
François est vendeur de voitures de collection dans une concession automobile. Il a un grand faible pour les femmes. Séduisant célibataire, beau parleur, flambeur et tombeur, François cumule les amourettes: quatre à la fois! Son organisation semble parfaitement huilée pour passer de l’une à l’autre sans encombre. Mais surtout, il ne souhaite pas leur faire de la peine : comme il est tellement gentil, François ne sait pas rompre avec toutes ses femmes. Côtoyer quatre maîtresses lui complique l’existence. Encore plus lorsqu’un inconnu surgit à l’improviste et menace de lui faire la peau s’il ne rompt pas immédiatement avec sa femme… mais laquelle ? Cet événement va mettre en péril ce bel équilibre et sa survie même va en dépendre. Il lui faudra rompre toutes ces liaisons et c’est la décision la plus compliquée, la plus inconfortable, la plus désespérante aussi que notre héros doit prendre.
Jean-Paul ZIMMER met en scène cette nouvelle production de la saison théâtrale du Théâtre Alsacien Strasbourg. Dans le rôle de l'amoureux aux multiples conquêtes, José MONTANARI s'en donne à cœur joie ! Il incarne un dragueur adorable, à la fois charmeur, séducteur et fidèle en amitié, mais aussi lâche à souhait, peureux et timoré. Ses quatre maîtresses sont interprétées par Andrée BLUM, Nicole BURCKEL, Sophie PAULI-RINCKEL et Elisabeth RITTER. Marie-Claire FRITSCH se glisse dans le rôle de l'employée de maison, et Christian LAFFERT dans celui du collègue de travail. Bruno JUNG, Claude MATTHISS et Julien RIEHL complètent la distribution d'une comédie dont le seul dessein est de faire rire aux éclats !
Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra, place Broglie, à Strasbourg. Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.
Représentations :
en soirée, les 18, 19 et 20 janvier à 20 h
en matinée, le dimanche 21 janvier à 14h et 17h30
Les billets sont en vente à la caisse de l'Opéra de Strasbourg, place Broglie, de 12 h 30 à 18 h 30, à la Boutique Culture, et directement sur le site du Théâtre Alsacien Strasbourg : webtas.fr
Renseignements et réservations
au 06 33 260 300, de 9h à 12h et de 14h à 18h
ainsi que sur webtas.fr
Distribution :
François, E Schurtzejäger / Propriétaire von ere Garage José MONTANARI
Tom, Siner Associé in de Garage Christian LAFFERT
Mme Ziegler, Sini Hüsshältere Marie-Claire FRITSCH
Anne-Marie, E Conquête Sophie PAULI-RINCKEL
Sophie, E Conquête Elisabeth RITTER
Sonia, E Conquête Andrée BLUM
Christine, E Conquête Nicole BURCKEL
Un homme, De Mann von einere Claude MATTHISS
Un policier Bruno JUNG
Simon, De Mann von de Sonia Julien RIEHL
Une femme inconnue Stéphanie SCHAETZLÉ
De nejgierig Storich mecht wisse
La silhouette gracieuse de Nicole Burckel traverse depuis 40 ans la scène du TAS, imprimant sa gouaille à des personnages inoubliables. Par un jour de grand vent, elle a bravé une longue route pour évoquer sur un ton affable son long parcours au sein de la troupe, sans se départir jamais de son large sourire.
Dans «Eini noch de Ander», tu joues un personnage comique, comme dans tes derniers rôles sur scène. Le public semble adorer ton sens de la comédie. Est-ce que c'est un genre que tu apprécies particulièrement ?
Dans « Eini noch de Ander », je n'ai pas un grand rôle, mais il y a une dynamique qui exige un vrai jeu de ping-pong, c'est assez réjouissant. A vrai dire, j'aime surtout les rôles de caractère, autant dans la comédie que dans le drame : des rôles où je ne suis pas toujours moi-même et où j'ai la possibilité de m'exprimer différemment. Pour moi, le rôle de caractère, c'est l'inverse de celui de la jeune première ou de la fée des contes, qui sont plus plats. Je pense à ceux que j'ai pu jouer dans « 's Weschbelnescht » ou à « Mir Wittfraue ». Parfois, il arrive qu'un petit rôle ait plus de relief qu'un premier rôle !
Au cours de ma carrière, j'ai joué énormément de fées dans les contes de Noël. Je me souviens avoir passé beaucoup de temps à apprendre le phrasé en compagnie de Félice Haeuser, qui était une vraie professionnelle, parce que les metteurs en scène d'alors avaient des attentes bien précises concernant la manière dont s'exprimaient les fées... J'ai remplacé Denise Lamy, qui était auparavant abonnée à ce genre de personnages. Et puis, un jour, Jean-Paul Zimmer m'a confié un rôle de sorcière et ça a été une révélation ! C'est à lui que je dois mes rôles en décalage ! J'ai adoré avoir la possibilité de changer ma voix, de jouer avec des nuances et des inflexions qui m'étaient jusque-là inaccessibles.
Le clou de ma carrière de sorcière a été de jouer la méchante de « Schneewitchen » qui s'incarnait dans trois personnages différents : la reine, la vieille dame et la sorcière. J'ai adoré !
Je n'avais pour ainsi dire fait que de la figuration avant mon premier rôle dans « Sylvie », de Christian Royer, dans une mise en scène de Marcel Spegt, en 1977. Ça a été un sacré défi, mais Christian Royer tenait à ce que ce soit moi qui l'interprète.
J'ai joué ensuite dans plusieurs pièces dramatiques, à une époque où le TAS en programmait davantage. Je me souviens, lors de la captation de « D'r Zehnerglock » par France 3, du visage de mon père Roger Burckel, inondé de larmes au moment de la mort tragique de mon personnage à la fin de la pièce. Ce sont des moments qui restent en mémoire !
J'ai beaucoup joué à une époque où les plus jeunes, dans la troupe, étaient Danièle Missud, la nièce de Charlotte Marchal, Andrée Blum et moi. Donc nous étions sans cesse sollicitées, ce qui nous a permis de progresser très vite. Nous étions à rude école avec les metteurs en scène d'alors, qui étaient plutôt durs et exigeants. Mais je reconnais maintenant que c'était également formateur, même si certains d'entre nous ont fini par jeter l'éponge. A partir de « Sylvie », on m'a confié beaucoup de rôles. J'ai dû pas mal jongler entre le théâtre et ma vie professionnelle, parce que c'est l'époque où je me suis réorientée professionnellement en devenant préparatrice en pharmacie au centre de traumatologie d'Illkirch. Je m'occupais aussi seule de ma fille Laure. Heureusement que mes parents, qui étaient également membres du TAS, m'aidaient à la garder quand il le fallait !
Tu as connu un parcours particulier au TAS, parce que tes parents, Yvette et Roger Burckel, ont tous les deux joué au sein de cette troupe pendant des années. C'est comment, de grandir dans une famille d'acteurs ?
Mes parents se sont rencontrés à Schiltigheim. Ils jouaient tous les deux au Cabaret Arc-en-Ciel, qui est devenu plus tard le Cocktail-Cabaret. Ils partageaient la scène avec Edmond Reinbolt, Charlotte Marchal, Christian Royer, ou encore Paul Klipfel, avant qu'il ne créée le Théâtre Alsacien de Schiltigheim en 1972, et interprétaient des chants et des sketches dans la salle paroissiale de la Sainte-Famille. Je me souviens qu'avec mon frère, Pierre, on traînait dans la salle lors des répétitions. Pourtant, lui, c'est plutôt vers le sport qu'il s'est tourné, en devenant un joueur de basket de bon niveau. On restait seuls tous les deux à la maison quand nos parents étaient pris par les répétitions. Mais on a fait assez peu de bêtises. On allait aussi voir les contes de Noël. Je me souviens que nous devions faire la sieste tous les deux pour avoir le droit de sortir le soir. Nous étions souvent seuls dans la salle, juchés sur nos rehausseurs en velours rouge, puisque nos parents étaient souvent tous les deux sur scène ! A la maison, je les voyais répéter en se donnant la réplique.
Quand Charles Appiani, qui était alors président-directeur et metteur en scène, a dit qu'il avait besoin de figurants pour un conte, mes parents m'ont tout naturellement proposé de participer. Nous formions un petit groupe avec les enfants des autres comédiens : Danièle Missud, Pierre et Dominique Spegt, Christian et Pierre Laffert... J'étais assez timide à l'époque, mais nous prenions ça comme un jeu. De toute façon, j'avais des centres d'intérêt variés, j'aimais le sport, je faisais du basket et du ski. Ce n'est qu'avec « Sylvie » que j'ai pris conscience de faire vraiment du théâtre.
Et puis j'ai eu la possibilité de jouer dans la série « Le Pèlerinage », avec Jean-Claude Bouillon, avec la bénédiction de mon patron, parce que je devais m'absenter au dernier moment. Beaucoup de nos pièces ont été captées dans les studios de France 3.
Mes parents ont suivi ma carrière avec beaucoup de bienveillance. Mon père me conseillait pour mes rôles, quand je vivais encore chez eux, il me donnait la réplique pour me faire répéter. Il était fier de mon parcours au sein de la troupe. Il m'est souvent arrivé, par la suite, d'emmener ma fille Laure avec moi aux répétitions. Ils l'ont naturellement prise pour de la figuration, toute petite, lorsque c'était encore légalement possible, pour l'occuper un peu, pour qu'elle ne soit pas seule à la maison pendant que sa mère et ses grands-parents étaient sur scène. Ça lui plaisait. Elle a joué dans plusieurs contes de Noël. Il lui est même arrivé d'avoir un peu de texte, que nous travaillions ensemble. Nous nous sommes retrouvés une fois tous les quatre dans la même pièce ! Malheureusement, elle a été obligée d'arrêter quand elle a entamé ses études. Mon petit-fils Arthur est lui aussi déjà un sacré comédien !
Que t'inspirent les 120 ans du TAS que nous fêtons cette année ?
120 ans, c'est énorme. Moi, ça fait 40 ans que je fais partie du TAS : un tiers de son histoire. Je suis fière de faire partie d'une troupe qui se produit dans la magnifique salle de l'Opéra. Fière de cette troupe d'amateurs qui se hisse à un niveau si professionnel ! C'est fantastique d'avoir des jeunes comédiens de talent qui sont là pour continuer l'aventure, mais il faut que le public nous suive. Pour les comédiens, la relève est là, mais il faut aussi en quelque sorte une relève des spectateurs. Nous, nous sommes prêts à affronter les 120 prochaines années, mais est-ce que le public l'est aussi ?
Les 120 ans me font penser à toutes les époques que nous avons traversées. J'ai eu de grandes joies, mais aussi la tristesse de voir partir beaucoup de gens. Les membres de la troupe deviennent vite une deuxième famille.
Quels sont tes souvenirs les plus mémorables ?
C'est surtout les fous rires sur scène dont je me se souviens, surtout avec Andrée Blum. Nous nous sommes toujours épaulées mutuellement, que ce soit dans le jeu ou dans nos vies personnelles. J'ai une belle complicité avec elle et avec Agnès Delfosse et Eric Muller. J'ai aussi adoré jouer avec mes parents et ma fille. Sinon, je me souviens avoir joué dans « D' schwarz Katz » avec deux côtes cassées ! La veille de la représentation, j'ai pris des médicaments à base de morphine un peu tard et, quand je me suis réveillée le lendemain, j'étais dans un état second, mais il a tout de même fallu que j'aille jouer ! A un moment, dans la pièce, Philippe Ritter devait me jeter comme un sac sur son épaule. Nous redoutions tous ce moment, mais je n'ai rien senti ! J'ai aussi dû jouer « Sylvie » avec une grippe carabinée, à tel point que l'on s'est demandé si on allait pouvoir lever le rideau. Mes partenaires m'ont dit que si je tenais jusqu'à la fin de la pièce, nous irions faire la fête tous ensemble au restaurant. Sur scène, j'ai joué comme si de rien n'était, mais quand le rideau est tombé, à la fin, je suis tombée moi aussi... Je n'ai jamais réussi à atteindre le fameux restaurant !
Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?
J'aime spécialement flâner à la Petite France. Et puis le long des quais des Bateliers, parce que j'ai longtemps travaillé dans une grande pharmacie de ce quartier, que je connais bien pour l'avoir parcouru dans tous les sens à vélo, depuis Schiltigheim où j'ai grandi.
Propos recueillis par S. Schaetzlé
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