Pas de temps mort cette année ! A peine terminées les représentations de « Unter'm Dànnebaam », le conte de Noël, qui nous a emmenés à la découverte des jouets d'autrefois, nous voici dans la dernière ligne droite des répétitions de « Goodbye Pfefferminz », de Raymond Weissenburger, une comédie mettant en scène les tribulations de deux frères jumeaux interprétés par Philippe Ritter dans un double rôle qui lui permet de montrer toute l'étendue de son talent. A ses côtés, Carole Werner fait quant à elle ses débuts sur la scène du TAS. Pour l'épauler dans ses premiers pas, on retrouve notamment Fabienne Scharwatt, qui campe une grand-mère à qui l'amour fait retrouver l'enthousiasme de ses vingt ans. Avant une répétition, cette dernière a accepté, avec son affabilité naturelle, de répondre à quelques questions.
«Goodbye Pfefferminz»
Comédie en 3 actes de Raymond WEISSENBURGER
Mise en scène : Pierre SPEGT
Le Théâtre Alsacien Strasbourg poursuit sa saison théâtrale avec la reprise d'un grand succès de Raymond Weissenburger « Goodbye Pfefferminz ». Cette comédie laisse à nouveau la part belle au rire et à la bonne humeur, un moment doux et rafraîchissant, comme Raymond Weissenburger nous les offre depuis plus de trente ans. L'auteur du nord de l'Alsace a signé toute une série de chefs-d’œuvres joués par le TAS, comme « Babyboom in schwarz-wiss » ou « Alleluja hit isch Oschtere », entre autres.
Dans la famille Kraut, Camil, chef d'entreprise sérieux et travailleur, cherche à agrandir son entreprise. Son frère jumeau, surnommé Pfefferminz, artiste de son état, ne pense qu'à passer de bon moments dans les bras de Suzy, sa douce bien-aimée. Albertine, la maman des jumeaux Kraut, aimerait retrouver le grand amour avec Oscar qui lui fait la cour assidûment. Camil aimerait marier sa fille Caroline avec Archibald, le fils du riche banquier Sauersüss. Et Pfefferminz n'a qu'une idée en tête, ouvrir une école de danse afin de garder les faveurs de Suzy. Mais pour Camil rien ne se passe comme prévu, les quiproquos vont s'enchaîner, et les couples vont se croiser, et se mélanger dans un ballet étourdissant et drôle à souhait.
Pierre Spegt met en scène cette troisième production de la saison du Théâtre Alsacien Strasbourg. Philippe Ritter se glisse en alternance dans le rôle de Camil et de Pfefferminz, Andrée Blum joue la femme, Fabienne Scharwatt la mère, Bénédicte Keck la fille, et Carole Werner, la compagne. Les trois prétendants, Jérémy Fischer, Julien Henni et Louis Hoennige complètent la distribution avec Nicole Burckel et Christian Laffert.
Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra, place Broglie, à Strasbourg. Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.
Représentations : en soirée, les 18, 19 et 21 janvier 2019 à 20h
en matinée, le dimanche 20 janvier 2019 à 14h et à 17h30
Les billets sont en vente à la caisse de l'Opéra de Strasbourg, place Broglie, de 12 h 30 à 18 h 30, à la Boutique Culture, et directement sur le site du Théâtre Alsacien Strasbourg : webtas.fr
Renseignements et réservations au 06 33 260 300 ainsi que sur webtas.fr
Distribution :
Camil Kraut / Pfefferminz Philippe Ritter
Emmy Andrée Blum
Caroline Bénédicte Keck
Albertine Fabienne Scharwatt
Oscar Louis Hoennige
Monsieur Sauersüss Christian Laffert
Madame Sauersüss Nicole Burckel
Archibald Jérémy Fischer
Robby Julien Henni
Suzy Carole Werner
De nejgierig Storich mecht wisse
L'an dernier, elle nous a bouleversés dans « De Journal vun de Anne Frank », mis en scène par Pierre Spegt, prenant à contre-pied l'image d'actrice comique qui lui colle à la peau depuis « 's Paulette vun de Vogesestross » : Fabienne Scharwatt est une comédienne accomplie, qui a plus d'une corde à son arc ! Avant une répétition de « Goodbye Pfefferminz », elle s'est attablée dans une brasserie strasbourgeoise pour revenir avec chaleur et enthousiasme sur son parcours et partager quelques réflexions sur le théâtre qui la fait tant vibrer.
Après avoir joué il y a quelques semaines le rôle de Marie, la grand-mère d'« Unter'm Dànnebaam », le conte de Noël de Philippe Ritter, te revoilà déjà sur les planches dans « Good-bye Pfefferminz », de Raymond Weissenburger, pour un rôle comique. Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai beaucoup aimé interpréter la grand-mère dans le conte de Noël de Philippe Ritter. Cette pièce a été une réussite très appréciée par notre public. A présent je me glisse dans le rôle d'Albertine, personnage drôle d’une femme déjà âgée qui vient de tomber éperdument amoureuse d'Oscar. Albertine met de la gaieté partout où elle passe. Sa relation avec son fils, interprété par Philippe Ritter, est évidemment compliquée et met en lumière le problème de génération. Mon amoureux dans la pièce est à nouveau Louis Hoennige, qui jouait déjà mon mari dans le conte de Noël. J'aime beaucoup jouer avec lui. C'est quelqu'un de très solide dans le jeu et le texte et je sais qu'avec lui, en cas de souci, nous retomberons toujours sur nos pattes, ce qui est très rassurant. Nous avons une belle complicité sur scène. Je suis très contente de ce beau rôle, qui me donne la possibilité de jouer de belles scènes d'amour et de tendresse. C'est vraiment très agréable et ça montre que l'amour arrive à n'importe quel âge. Et je ne veux pas trop dévoiler l'intrigue, mais cet amour est réciproque. Le message est très positif. J’aime faire rire le public, leur donner du bonheur, leur faire oublier leur quotidien durant quelques heures.
Le sens de la comédie, est-ce que ça se travaille ou est-ce que c'est inné ?
Il y a une partie innée, je pense. Dans ma famille, on aimait le théâtre. Mon père jouait à Epfig. Lorsqu'il a interprété le Christ dans « la Passion du Christ »à Pâques, une année, Charles et Jeanne Heidt, coiffeurs et maquilleurs du TAS, maquillaient aussi les comédiens à Epfig cette année là, . Après cette représentation, mon père a été repéré par un membre du TAS, qui lui a proposé de venir jouer à Strasbourg. Mais mon père était agriculteur, il ne pouvait pas quitter ses champs si facilement et a été obligé, bien à contrecoeur, de décliner la proposition. C'était un homme très cultivé, passionné d'histoire et très drôle. Il animait la galerie avec beaucoup de finesse et un humour naïf qui faisait mouche. Je pense avoir hérité de son goût du théâtre et de la comédie.
Mais je pense aussi que le sens de la comédie exige beaucoup de travail et de précision. Il faut avoir du rythme et du timing. Les silences sont très importants. Roland Kieffer, alias Scholle, qui jouait dans la troupe de la Choucrouterie, m'a fait prendre conscience de l'importance du silence avec son personnage d'Albert Schlitzmann. Il en jouait très bien.
Je travaille le texte chez moi, tous les jours et bien sûr lors des répétitions avec mes partenaires, pour qu'il prenne petit à petit corps. Il faut connaître le texte sur le bout des doigts pour pouvoir s'en détacher, vivre le rôle et ainsi pouvoir laisser une place au trac. Parfois on se fond littéralement dans le personnage. Les gens qui me connaissent le savent : sur scène, je deviens vraiment le personnage, capable de tous ses excès, alors que dans la vie je suis plutôt quelqu'un de réservé. C'est vraiment une richesse de pouvoir incarner d'autres personnages.
Je parlais de comédie, mais en réalité, j'aime beaucoup le drame aussi. Dans un certain sens, « 's Paulette vun de Vogesestross » m'a joué un vilain tour, parce que je pense que, depuis, on m'a cataloguée comme comique et qu'on me propose rarement des rôles dramatiques, ce que je regrette un peu.
Le téléphone portable de Fabienne sonne. C'est un appel pour la billetterie. On s'interrompt, le temps pour elle d'y répondre.
Une partie du public te connaît aussi parce que tu réponds au téléphone du TAS et que tu t'occupes de la gestion des bus. Ça représente beaucoup de travail ?
Ça fait une douzaine d'années que je le fais. Avant, c'est Philippe qui s'en chargeait. Le téléphone est très prenant. J'ai plusieurs appels par jour et juste avant le démarrage d'une pièce, ça explose ! Enfin depuis qu'on peut acheter les places sur le site Internet, ça diminue un peu. Quand je ne peux pas répondre, les gens laissent un message sur le répondeur, mais ça veut dire qu'il faut les rappeler le soir en rentrant, ce qui prend beaucoup de temps aussi. Mais j'aime beaucoup le faire, parce que ça permet d'entrer en contact différemment avec le public. Et puis c'est parfois très plaisant : certains spectateurs en profitent pour faire des retours. Certains me reconnaissent et me témoignent leur sympathie.
La gestion des bus est également très prenante. Elle commence en juin et connaît son maximum d'activité en juillet, août et septembre. Pour moi, le théâtre ne s'arrête jamais ! Là où nous pouvons l'organiser, c'est-à-dire là où la demande est suffisante et où une personne accepte d'en prendre la responsabilité, nous proposons à des abonnés un service de ramassage en bus pour un tarif de 30 euros environs pour les cinq représentations. Les bus effectuent un circuit, parfois entre plusieurs villages, et sont accueillis à Strasbourg place de la République ou au pied de la fontaine de Janus, à côté du théâtre. Evidemment, il assure le service de retour à l'issue de la représentation. Pour le moment, nous avons huit bus, ce qui représente à peu près 400 abonnés. Ce sont des gens qui ne viendraient pas sinon. Ils sont très reconnaissants. C'est une proposition qui plaît beaucoup et qui ne demande qu'à se développer, notamment vers Saverne, Marlenheim, Wasselonne ou encore Brumath. Si des gens ont envie d'organiser la chose de leur côté et de prendre la responsabilité d'un bus, n'hésitez pas à me contacter au 06 33 260 300, nous vous aiderons à mettre ça en place. Nous avons de très bonnes relations avec les responsables de bus. Certains d'entre eux sont même devenus des amis au fil des années !
Je suis membre du comité du TAS depuis plusieurs années, ce qui me permet de faire remonter efficacement mes observations et les situations que je rencontre en étant au contact du public.
Comment as-tu débuté au TAS ?
Au lycée, j'avais fait de l'art dramatique avec mon professeur de français qui m'a remarquée au point de me demander si je ne voulais pas en faire mon métier. Je me souviens lui avoir dit que je voulais avant tout fonder une famille et que ça ne me semblait pas très compatible. Je ne sais pas si c'était de la lucidité ou un manque de confiance en moi. J'ai toujours adoré jouer dans des sketchs à Noël. Mon père était ma référence. Il était abonné au TAS, il nous emmenait voir le conte de Noël. Je me souviens qu'il avait ses places rangée 6 ! Il était amoureux de Félice Haeuser, qui était également ma comédienne préférée. Je savais qu'il aurait aimé jouer au TAS. Il était tellement plein de vie ! Il est tombé malade à partir de 55 ans, mais malgré tout, avec lui c'était toujours la fête, il avait toujours le mot pour rire !
Je me suis mariée en 1981 et, deux semaines plus tard, mon père m'a appelée pour me dire que Pierre Spegt montait une pièce en alsacien à Epfig et cherchait des comédiens. C'était « 's Umbringer Trio », de Fred Werner. J'ai joué l'un des trois personnages principaux. A la fin de la pièce, Fabienne Spegt, la femme de Pierre, est venue me voir sur scène et m'a demandé si je ne voulais pas venir jouer à Strasbourg. A l’époque, je ne me sentais pas capable de jouer à Strasbourg. D’autant plus que mon métier d’enseignante me prenait tout mon temps au début de ma carrière. C'était difficile de m'engager. J'ai préféré refuser la proposition et j'ai continué de jouer tous les ans à Epfig avec beaucoup de plaisir avec les mises en scène de Pierre Spegt.
Quand ma dernière fille a eu quinze mois, j'ai dit à mon époux Jean-Claude que je voulais jouer à Strasbourg et, soucieux de mon bonheur, il a accepté de s'occuper des enfants lors de mes absences. J'en ai ensuite parlé à Pierre, qui m'a conseillé d'écrire à Marcel Spegt, le président, et de passer une audition. J’ai débuté au tas en 1993. Comme pour beaucoup de comédiens, mon premier rôle a été dans un conte de Noël « De Wunderbittel », J'avais une phrase à dire, tout à la fin de la pièce, et j'avais un trac terrible ! Ensuite, j'ai joué tous les ans au moins deux ou trois fois par saison.
Quel est ton souvenir le plus mémorable sur scène ?
C'est la création de « 's Paulette vun de Vogesestross », en 2001, à Strasbourg. Pierre l'avait déjà montée à Epfig et j'avais donc déjà joué le rôle dans mon village. Pour le TAS, il m'avait proposé de garder mon alsacien d'Epfig. C'était mon premier grand rôle sur cette scène-là. Je me souviendrai toute ma vie de l'ovation du public au rideau... Même mes collègues acteurs m'ont applaudie ! J'étais bouleversée. Je me souviens aussi avec émotion de mon rôle dans « Kaktüs Bluem », d'après « Fleur de cactus », de Barillet et Gredy. monté par Jean-Paul Zimmer en 2007. Un très beau rôle de femme ! Pierre Barillet vient d'ailleurs de nous quitter aujourd'hui même... J'ai aussi beaucoup aimé jouer dans « E gueti Adress », montée par Pierre Spegt en 2009. Je me souviens aussi du rôle de Walburga von Grafenstein, la sévère Prussienne dans « De Adler un de Leeb », dans la mise en scène de Bernard Kolb, en 2017. J'ai travaillé mon accent prussien avec Elisabeth Ritter pour trouver les bonnes intonations !
Que t'évoquent les 120 ans du TAS que nous avons fêtés l'an dernier ?
« De Journal vun de Anne Frank » ! J'ai adoré jouer le rôle de Augusta van Pels dans cette pièce ! Je l'ai beaucoup travaillé. Tous les acteurs étaient fantastiques. C'est une très bonne pièce, que nous avons eu la chance de pouvoir reprendre à l'Illiade en octobre dernier. Augusta Van Peltz, qui a vraiment existé, était une femme de caractère, une femme qui disait tout haut ce que les autres n'osaient pas dire et qui pouvait donc paraître déplacée dans ses remarques. Le jeu avec le personnage d'Anne, plein de tendresse mais aussi d'acidité, m'a énormément plu, de même qu'avec celui du mari d'Augusta. C'était profond et fort, très impressionnant à interpréter. Augusta me permettait de jouer sur les deux registres, à la fois comique et dramatique, d'apporter de l'émotion tout en allégeant l'atmosphère pour laisser respirer les spectateurs. Une bouffée d'air frais dans ce huis clos étouffant !
Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?
Pour moi c'est Neudorf, le quartier autour de l'Ecole Sainte-Anne, où j'ai été institutrice pendant 20 ans. J'ai énormément aimé enseigner, mais quand j'ai eu la possibilité de prendre ma retraite plus tôt, je l'ai fait. J'ai toujours beaucoup aidé mon mari, qui était pépiniériste viticole. Avec nos trois enfants et le théâtre en plus, au bout d'un moment, il a fallu choisir. Et le théâtre a gagné ! Sur la scène, je me sens exister plus fort, vibrer. Je sens que le public me porte et qu'il est toujours de mon côté . En conclusion, je tiens à remercier les metteurs en scène comme Marcel Spegt, Pierre Spegt, Bernard Kolb et Jean-Paul Zimmer pour la confiance qu’ils m’ont accordée en me confiant de beaux rôles qui m’ont permis de m’épanouir sur scène. Au théâtre nous formons une grande famille dans laquelle je me sens à l’aise. Longue vie au TAS !
Propos recueillis par S. Schaetzlé
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