Théâtre Alsacien Strasbourg
 
 
La newsletter du TAS, n°24
 
Les trois coups ne vont pas tarder à retentir pour annoncer de façon solennelle le lever du rideau sur la 122e saison du Théâtre Alsacien Strasbourg ! Les acteurs de la première pièce se concentrent sur la dernière ligne droite des répétitions sous le regard attentif du metteur en scène, les équipes techniques mettent la dernière main aux préparatifs et, au milieu de cette effervescence, le comédien Christian Fuger a accepté de répondre aux questions de la « nejgierig Storich» pour donner un aperçu de ce qui nous attend : une saison de bonne humeur, pour traverser ensemble l'hiver comme une fleur !
 
 
«Roméo un Julio»
Comédie en 3 actes de Raymond WEISSENBURGER
Mise en scène : Bernard KOLB
 
 
 
En ouverture de sa nouvelle saison, le Théâtre Alsacien Strasbourg présente une première comédie, « Roméo un Julio », dont l'auteur, Raymond Weissenburger, est bien connu par les amateurs de théâtre en dialecte. Ses pièces sont régulièrement programmées sur la scène du TAS depuis de nombreuses saisons, avec des succès comme « Babyboom in schwarz-wiss » ou « Goodbye Pfefferminz ». Dans « Roméo un Julio », l'auteur s'inspire du grand dramaturge Shakespeare. Il reprend les personnages de la pièce « Roméo et Juliette » pour les faire jouer par une troupe théâtrale sur le déclin. Avec la verve et les bons mots de Raymond Weissenburger, la tragédie de Shakespeare se transforme en une comédie irrésistible.
Depuis quelques mois, Sibélius, le souffleur de la troupe de théâtre, est désespéré de voir la salle vide de tout spectateur. Quand la directrice menace de mettre la clé sous la porte, il finit par accepter de diriger la mise en scène de la tragédie « Roméo un Julia » de Shakespeare. D'après la directrice, les spectateurs ne veulent plus voir de comédies mais ils demandent des tragédies !
Le pauvre Sibélius se montre très maladroit dans la mise en scène et ses comédiens ne sont pas du tout à la hauteur dans l'interprétation des grands rôles du répertoire classique. D'autant plus que le souffleur a traduit le texte de Shakespeare d'une façon très fantaisiste et très éloignée de la tragédie originale. Comble de malchance, la comédienne qui doit interpréter Juliette accouche le jour de la première ! Que faire ? Au bord du désespoir, Sibélius ne voit qu'une solution : accepter de donner le rôle de Julia à un homme et la tragédie « Roméo un Julia » devra être jouée sous le titre : « Roméo un Julio »... Ce petit changement anodin va faire le succès de la pièce, pour le plus grand plaisir de tous les spectateurs !

Bernard Kolb signe la mise en scène de cette magnifique farce. Christian Laffert se glisse dans le rôle du « chouffleur » et dirige sa troupe de comédiens. Alicia Klingler, Danielle Knab, Michèle Mehn, Elisabeth Ritter, Fabienne Scharwatt, Jérémy Fischer, Christian Fuger, Claude Matthiss et Philippe Ritter vont interpréter dans le désordre, les membres des familles Capulet et Montaigu, mais aussi le narrateur, et même un rossignol et une alouette !

Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra, Place Broglie à Strasbourg. Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.

Représentations : en soirée, les 31 octobre, 2 et 4 novembre 2019 à 20 h et le dimanche 3 novembre à 14h et à 17h30.

Renseignement et réservation téléphonique au 06 33 260 300
Achat en ligne sur le site du TAS, www.theatre-alsacien-strasbourg.fr

Les billets sont en vente à la caisse de l'Opéra National du Rhin, place Broglie, de
12h30 à 18h30, et à la Boutique Culture, place de la Cathédrale.
 
 

Distribution :

Sibélius                                 Christian Laffert
Olga                                       Fabienne Scharwatt
Marilyne                                Michèle Mehn
Rosekrantz                           Elisabeth Ritter
Eddie                                    Claude Mathiss
Nora                                      Alicia Klinger
Bob                                       Christian Fuger
Rosine                                  Danielle Knab
Casimir                                 Philippe Ritter
Dobermann                          Jérémy Fischer
 
De nejgierig Storich mecht wisse
 
Jovial et détendu, Christian Fuger fait partie de ces acteurs qu'on retrouve toujours avec plaisir sur la scène du TAS, quel que soit l'importance du rôle. Par ailleurs, les amateurs d'opéra admirent sans le savoir tout au long de la saison les décors qu'il a contribué à réaliser : Christian est un homme aux talents multiples !
 
Dans « Roméo un Julio », on te retrouve dans le rôle de Bob, un des personnages importants de l'intrigue. Peux-tu nous en parler ?
La difficulté du rôle tient à ses parties en vers. C'est plus difficile d'apprendre ce genre de texte, parce que les rimes ne laissent aucune place à l'improvisation : il faut que ce soit le mot exact qui arrive à la fin de la phrase. Il faut être plus attentif au texte de l'autre. Je joue la plupart de mes scènes avec Alicia Klingler, qui participe à nos pièces pour la deuxième fois. On apprend à se connaître, à travailler ensemble. C'est un long processus, qui se met en place au fil des répétitions. En tout cas, je suis content qu'on ait pensé à moi pour cette pièce. C'est un de mes rôles les plus importants sur la scène du TAS.

Tu es loin d'être un débutant dans la troupe. Comment as-tu commencé au TAS ?
Tout simplement par le biais de mon père Robert Fuger, qui était comédien du TAS. Enfant, j'allais le voir jouer, assis sagement par terre entre deux pompiers en faction, dans les coulisses côté cour. Tout le monde me connaissait. C'est assez naturellement que j'ai commencé à faire de la figuration dans les contes de Noël. J'ai joué pas mal de nains, comme beaucoup d'enfants d'acteurs. Pour ma première participation, à l'âge de 9 ans, je me souviens avoir traversé la scène en diagonale, de cour à jardin, à la main de Félice Haeuser. Ça devait être dans « Blanche Neige ». Ensuite j'ai eu des petits rôles avec du texte, puisque je parlais bien alsacien. Mon frère et ma sœur, plus âgés que moi, ont participé eux aussi, mais ils n'ont pas persévéré dans cette voie. Ils ont arrêté au bout d'une ou deux saisons, tandis que moi j'avais vraiment le désir de jouer. J'ai suivi l'exemple de mon papa. On m'a confié beaucoup de rôles, surtout dans des contes de Noël.
 
 
Je sais que tu joues également dans d'autres troupes...
J'ai joué avec la troupe de Schiltigheim et aussi à Achenheim, sous la direction de Raymond Bitsch, pendant plusieurs années. J'étais par ailleurs responsable pendant une dizaine d'années de la troupe de Friedolsheim, où je vis. J'étais président, mais aussi acteur, metteur en scène et décorateur ! J'ai pu profiter de l'exemple des metteurs en scène du TAS, que j'ai vus à l'oeuvre pendant des années et m'inspirer de leurs idées et de leurs façons de faire. J'ai aussi mis mes compétences techniques au service du Barabli : un ou deux ans après le décès de Germain Muller, Dinah Faust et Christian Hahn sont partis en tournée de Wissembourg à Saint-Louis avec une sélection de leurs meilleurs sketchs et je me suis occupé de la partie décors : montage, démontage, changements... j'en garde un excellent souvenir ! Je suis également investi auprès du Groupement du Rhin, qui fédère de nombreuses troupes de théâtre alsacien. Je dirais que le théâtre m'occupe 10 mois sur 12 : j'essaie quand même de lever un peu le pied et de ne pas y penser pendant les vacances !

Tu travailles à l'Opéra, peux-tu nous en parler ?
Je suis sculpteur sur bois. J'ai un brevet de Compagnon. Au départ, je voulais être ébéniste, mais Jean-Paul Frindel, qui était acteur et metteur en scène du TAS, m'a conseillé plutôt la sculpture sur bois. Il pensait qu'il y aurait plus de débouchés. Au final, je l'ai un peu regretté, parce que je voulais travailler le bois directement. Après l'armée, j'aurais dû aller à l'Oeuvre Notre-Dame, mais mon père m'a dit qu'un poste de menuisier était vacant à l'Opéra. Comme j'avais des notions en travail du bois, j'ai fait l'affaire. J'ai appris la plupart des choses sur le tas. Il faut dire que le travail est très spécial : il n'y a pas d'école pour apprendre à faire des décors d'opéra ! Le travail est très varié et nous demande de faire beaucoup de recherches pour parvenir à créer les effets souhaités par les metteurs en scène et les décorateurs, d'utiliser des techniques nouvelles, que ce soit pour les décors en tant que tels ou pour le mobilier, d'ailleurs. C'est vraiment intéressant. Lors de la saison dernière, j'ai pu mettre à profit ma seconde passion qui est la mécanique en travaillant sur le décor de «Don Giovanni», de Mozart. J'ai dû désosser en partie une voiture pour en alléger la structure, puisqu'elle devait pendre tête en bas depuis les cintres ! Il fallait également trouver un moyen de remplacer certaines pièces facilement, puisqu'elle était à moitié saccagée sur scène tous les soirs par l'une des cantatrices ! Je suis très attaché à l'opéra, j'ai parfois l'impression que c'est ma résidence secondaire. Je travaille normalement aux ateliers municipaux, à la Meinau, mais il m'est arrivé de donner un coup de main pour aménager certains éléments du bâtiment de la place Broglie. J'ai d'ailleurs chez moi quelques morceaux de vieilles planches en chêne centenaires que j'ai récupérées par nostalgie après l'une ou l'autre réparation.

Que t'évoquent les 120 ans que nous avons fêtés l'an dernier ?
Pour les 100 ans de la troupe, je me souviens que nous avons passé quelques jours à Vienne tous ensemble. Récemment, j'ai revu par hasard une cassette de caméscope de ce voyage et je me suis mis à compter les disparus. C'est ça que m'évoque cet anniversaire : le départ des anciens, c'est toujours une page qui se tourne. Un jour, on était parmi les plus jeunes, arrivés dans le sillage de leurs parents, et puis on réalise qu'on prend des rides soi-même ! Ça me fait penser que parmi ces enfants d'acteurs, beaucoup sont encore là : Pierre Spegt, Christian Laffert, Nicole Burckel...

Quelle place tient l'alsacien dans ta vie ?
Mes parents m'ont toujours parlé alsacien. Je leur ai longtemps répondu en français avant de décider de me mettre vraiment au dialecte. Je suis heureux de savoir que la langue n'est pas encore perdue pour tout le monde et je suis toujours heureux de voir des jeunes la parler. Avec mon fils, j'avais tendance à plus parler français, mais, de façon assez amusante, il a appris l'alsacien par le biais des aînés du village, qui s'adressaient spontanément à lui comme ça. Il a appris très vite de cette façon ! Pour moi, le fait de faire du théâtre en alsacien est une façon de faire vivre notre langue et j'y tiens.

Quel est ton souvenir le plus mémorable au TAS ?
J'avais 13 ou 14 ans et, à Noël, j'ai joué dans « 's Gänseliesel ». Au début de la pièce, j'ai interprété un des deux enfants qui se tenaient devant la statue avant que ne s'ouvre le monde merveilleux du conte. Un peu plus tard dans l'histoire, j'ai aussi incarné un singe. Je garde un très beau souvenir de ces moments.

Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?
C'est le parc du Kurgarten, rue d'Orbey, à Neudorf. J'y allais beaucoup quand j'étais enfant parce que nous habitions dans le quartier. C'était un lieu sauvage, où je faisais du vélo avec mes copains. On pêchait dans le Ziegelwasser. J'y retourne régulièrement depuis deux ans. J'aime y passer un petit moment tranquille à boire un petit coup en terrasse, quand je ne décide pas de passer le Rhin pour sillonner la Forêt-Noire à moto !
 
 
Propos recueillis par S. Schaetzlé
 
 
Au programme de la nouvelle saison :

De l'humour, de la féerie, de l'amour, du drame et une conclusion en chansons : la 122e saison du Théâtre Alsacien Strasbourg promet un arc-en-ciel de plaisirs et d'émotions ! Avec pas moins de deux créations en alsacien et une pièce totalement inédite dans le fond comme dans la forme, elle est résolument placée sous le signe de l'innovation, prouvant la vitalité et la créativité de notre théâtre dialectal.

Le TAS est fier et impatient d'annoncer que le lever de rideau de la saison 2019-2020 aura lieu le 31 octobre 2019, avec la première de la comédie Roméo un Julio, de Raymond Weissenburger, auteur bien-aimé des scènes alsaciennes, dans une mise en scène de Bernard Kolb et avec une direction d'acteurs assurée pour la première fois par Philippe Ritter. Le conte de Noël s'arm Baronessel, de Joseph Holterbach, une jolie variation sur le thème de Cendrillon, sera quant à lui mis en scène par Pierre Spegt et donné au moment des fêtes : un beau cadeau à placer sous le sapin pour les petits comme pour les grands ! Le mois de février s'annonce lui aussi riche en réjouissances. On verra d'abord la création de D' Ruckkehr vom Boomerang, une comédie sentimentale aussi décapante que surprenante d'après « Le Retour du boomerang », de Franck Didier, dans une adaptation de José Montanari, pour la première fois seul aux commandes de la mise en scène. Quelques jours plus tard, on se délectera de Mordshunger, l'adaptation par Julien Riehl, sociétaire et comédien du TAS, du « Repas des fauves », de Vahé Katcha, un huis clos au suspense haletant et réjouissant qui promet quelques beaux coups de théâtre ! La mise en scène sera assurée par Pierre Spegt. Enfin, pour finir la saison en beauté, rendez-vous dès maintenant au mois de mai pour Im Kines, la nouvelle création de Philippe Ritter, une comédie musicale audacieuse sur le thème des débuts du cinéma en Alsace, composée par Michel Wackenheim et mise en scène par leur complice Bernard Kolb.

Toutes les pièces sont surtitrées en français, pour permettre à tous de partager notre passion.
Nous sommes heureux de poursuivre avec vous cette nouvelle aventure théâtrale !

Bis bàll in unser'm Theàter !

Merci pour votre fidélité,
La Direction.

Plus d'informations exclusives dans notre programme,
en vente lors des représentations auprès des ouvreuses
 
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