Théâtre Alsacien Strasbourg
 
 
La newsletter du TAS, n°27
 
Les représentations de « D'Ruckkehr vum Boomerang » ne sont pas encore terminées (la dernière a lieu ce dimanche!) que notre prochaine pièce se profile déjà à l'horizon ! Ne ratez pas « Mordshunger », la première contribution de Julien Riehl, acteur bien connu de notre théâtre, traduction de la pièce « Le Repas des fauves », qui a été récompensée de trois Molières en 2011 ! Rires et grincements de dents sont au programme de ce huis-clos historique d'une belle intensité, qui verra également les premiers pas de Jacques Klein sur la scène du TAS. De retour parmi nous après quelques années loin du théâtre, Catherine Kremmel évoque quant à elle son plaisir à participer à cette nouvelle aventure. Pour finir, n'oubliez pas que vous pouvez d'ores et déjà acheter vos places pour « Im Kines » sur notre site Internet : une bonne solution pour être sûr de ne pas rater la comédie musicale qui crée l'événement de cette fin de saison !
 
«Mordshunger»
d'après «Le Repas des fauves», de Vahé Katcha
Adaptation en alsacien par Julien Riehl
Mise en scène : Pierre Spegt
 
 
Le Théâtre Alsacien Strasbourg poursuit sa saison théâtrale avec la création d'une pièce traduite en alsacien par Julien Riehl, « Mordshunger ». Le texte original, « Le Repas des fauves » date des années 60 ; son auteur, Vahé Katcha, était un écrivain et journaliste français d'origine arménienne. Claude Rich, entre autres, avait interprété le rôle principal dans une transposition au cinéma réalisée par Christian-Jaque. Plus récemment, la pièce a été retravaillée par Julien Sibre afin d'être jouée sur les scènes parisiennes ; ce travail lui a valu trois récompenses aux Molières 2011. C'est cette dernière version que Julien Riehl a adaptée pour le théâtre alsacien. Comédien bien connu par le public du TAS, il propose avec « Mordshunger » un divertissement de qualité, innovant et original, où malgré le dramatique de la situation, le spectateur va balancer entre le rire et la réflexion, le tout dans un suspense captivant.
     Dans leur appartement bourgeois, en 1942, Victor, libraire de son état, accueille des amis pour fêter l'anniversaire de son épouse. La fête bat son plein dans la joie et la bonne humeur. On rigole, on s'amuse et malgré le rationnement dû à la guerre, on déguste même une coupe de champagne !
     Tout à coup, deux coups de feu troublent la bonne ambiance. Un officier allemand fait irruption dans la pièce et réclame deux otages. Il reconnaît Victor chez qui il achète régulièrement des livres. Pourtant il reste inflexible, les sept convives ont jusqu'à la fin du repas pour désigner deux d'entre eux.
    Et ce qui se voulait un moment festif va progressivement glisser de la surprise vers l'incompréhension et les petits règlements de compte, entre « amis ».

La mise en scène de « Mordshunger » est assurée par Pierre Spegt. Les différents rôles sont interprétés par Bénédicte Keck, Catherine Kremmel, Julien Henni, Yannick Hornecker, Jacques Klein, Christian Laffert, Julien Riehl et Philippe Ritter. Sous les apparences d'une pièce dramatique, le jeu des comédiens et l'interprétation des rôles donnent lieu à des situations drôles et surprenantes, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
 
 
 Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra, place Broglie à Strasbourg. Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.
Représentations : en soirée, les 27, 28 et 29 février 2020 à 20h
en matinée, le dimanche 1er mars à 14h et à 17h30


Renseignement et réservation téléphonique au 06 33 260 300
Achat en ligne sur le site du TAS, www.theatre-alsacien-strasbourg.fr
Les billets sont en vente à la caisse de l'Opéra National du Rhin, place Broglie,
de 12 h 30 à 18 h 30, ainsi qu'à la Boutique Culture du 5e Lieu, place du Château.
 
 
Distribution :

Sophie Kürschner ----------------Bénédicte Keck
Victor Kürschner ------------------Julien Riehl
De Dokter --------------------------Jacques Klein
Vincent ------------------------------Christian Laffert
Pierre --------------------------------Julien Henni
Françoise ---------------------------Catherine Kremmel
André Allenbach ------------------Yannick Hornecker
Kaubach ----------------------------Philippe Ritter
 
 
 
 
 
De nejgierig Storich mecht wisse
 
Bien qu'elle ait été prise dans les embouteillages et bousculée dans un emploi du temps normalement minutieusement organisé, Catherine est arrivée tout sourire dans ce café bondé de la place d'Austerlitz. Avec une gravité ponctuée d'éclats de rire, elle a parlé avec passion de son amour pour notre langue et pour les planches, qu'elle retrouve avec tant de plaisir après une éclipse de quelques années.
 
Après un moment de pause, on te retrouve sur la scène du TAS dans « Mordshunger ». Parle-nous un peu de cette pièce.
Après « E luschtiger Strohmann », en 2016, j'ai dû faire une pause pour me réorienter professionnellement, ce qui m'a obligée à reprendre mes études. Je travaille désormais à Colmar. J'ai mis un certain temps à réorganiser ma vie, mais maintenant que j'ai à nouveau mes marques, je retrouve mes amis du théâtre avec plaisir ! « Mordshunger » est une comédie dramatique qui se déroule au cours de la Seconde Guerre mondiale. Une soirée d'anniversaire qui réunit une poignée d'amis dérape soudain : dans le quartier, des soldats allemands sont tués. En guise de représailles, les nazis exigent des otages. Comme l'officier connaît l'un des personnages, qui est libraire, il laisse la possibilité aux convives de cette soirée de désigner, parmi eux, ceux qui seront livrés. Au fil de la soirée, les personnalités se dévoilent. Le suspense psychologique, intense, invite à la réflexion : dans la même situation, qu'est-ce que j'aurais fait ? La pièce est très prenante, tout en tension, avec des coups de théâtre et des secrets qui sont dévoilés. C'est assez philosophique, dans le fond. Et ça me fait méditer sur l'histoire de ma famille. Mon grand-père a été incorporé de force pendant la guerre. Il était originaire de Wingersheim, où vivait une importante communauté juive, qui a noué des liens intimes avec le reste des habitants et qui a connu un sort tragique, dont mes grands-parents ont été les témoins impuissants. J'ai vraiment grandi avec cette histoire. J'ai déjà joué dans un drame auparavant, il s'agissait de « Zwei Brüeder », de Christian Royer, qui parlait justement du sort de la communauté juive de Strasbourg, martyrisée lors du pogrom de 1349. « Mordshunger » a été traduite par Julien Riehl, c'est sa première contribution d'auteur et je suis très heureuse de partager cet événement avec lui.
 
Comment as-tu débuté au TAS ?
Mes grands-parents paternels et mon père faisaient tous deux du théâtre alsacien au village. Moi-même j'ai fait mes débuts sur scène au sein de la troupe de la chorale de Wingersheim. Dans ma famille, toutes les occasions étaient toujours bonnes pour monter des sketches, notamment lors des fêtes de famille !
 
Pour les 50 ans de mon père, c'est ce que nous avons fait. Il s'avère que, ce jour-là, Nicole Burckel, par un hasard extraordinaire, était présente. Elle m'a demandé si ça m'intéresserait de jouer au TAS. J'ai passé une audition avec Pierre Spegt et il m'a donné un rôle dans « 's Arm Baronessel », que nous venons justement de reprendre cette année à Noël. Pendant deux ans, j'ai joué en même temps à Wingersheim et à Strasbourg, puis j'ai choisi le TAS. C'était une évidence et un honneur : c'est comme de « monter en D1 » quand on est joueur de football ! En 2007, j'ai eu le premier rôle du conte « 's Kritterbärwele », puis du « Katzemigger » en 2008. Je me souviens avec grand plaisir de pièces comme « Dante Kitty uss Kansas City », « Alli mitnander », « Mensch Meyer », « Alles numme Theater », mais aussi, plus récemment, « 's Paulette vun de Vogesestross » ou « Versteckerlesspiel ».
 
Quel est ton rapport à notre langue ? Est-ce une volonté délibérée d'avoir opté pour le théâtre dialectal ?
Dans ma famille, nous aimons l'alsacien et le parlons quotidiennement. Pour moi c'était logique : la question ne s'est jamais posée : l'alsacien est ma langue maternelle. Certaines choses, je n'arrive même pas à les dire en français, elles sont intraduisibles ! Dans ma famille, j'ai appris le français en arrivant à l'école. Je parle alsacien avec mon fils Louis, qui a 7 ans et demi, mais ce n'est pas évident, il n'est pas autant immergé dans l'alsacien que je ne l'ai été. Il comprend tout, mais il parle moins maintenant qu'il va à l'école.
 
Pour moi, faire partie du TAS est une façon d'assurer une certaine continuité et de maintenir la langue. Etant originaire de Wingersheim, je parle un alsacien « rural », il m'a donc fallu apprendre le strasbourgeois, non sans difficulté. J'allais à mes débuts répéter chez Mylène Huber, qui m'accueillait avec plaisir. Elle m'a beaucoup appris. Je garde un souvenir ému de la bienveillance qu'elle a toujours eue pour chacun d'entre nous.

Quel est ton souvenir le plus mémorable sur scène ?
J'ai assisté à une représentation du TAS avec mes grands-parents pour les 100 ans de la troupe et j'ai été très impressionnée. Je ne pensais pas qu'un jour j'allais passer de l'autre côté du rideau ! Je me souviens de la première fois : on m'a dit « Ici c'est ta loge, ensuite tu pourras passer au maquillage puis à la coiffure ». Pour moi qui avais plutôt joué dans des salles polyvalentes en passant mon costume derrière un rideau, quel changement ! Je me souviens aussi de la première fois que j'ai découvert la salle vide depuis la scène, et le travail des machinistes... et le stock des costumes de l'Opéra, qui est un endroit incroyable ! J'ai énormément de beaux souvenirs, parce que dans chaque pièce, on partage des moments particuliers, que ce soit lors des répétitions, sur scène ou en coulisses. Si je ne devais en garder qu'un, ça serait peut-être le « Katzemigger », qui était l'un de mes premiers grands rôles. Je devais porter un masque. Mais j'hésite : « Zwei Brüeder », avec Julien Riehl, était un moment plus fort que les autres, très prenant et dramatique. Dans un autre genre, je pense aussi à la première fois que j'ai dû embrasser un partenaire sur scène : c'était Julien Henni dans « Oh wie schrecklich ! » et ça fait un drôle d'effet ! Les membres du TAS sont une grande famille, des personnes avec lesquelles je partage une certaine exigence, le souci de bien faire, de promouvoir le théâtre, et donc le droit, ou plutôt le devoir de critiquer, de s'aider, de se faire confiance pour pouvoir se dire les choses.

Qu'ont signifié pour toi les 120 ans de la troupe que nous avons fêtés il y a peu ?
Ça me fait penser à tous ceux qui ont joué avant nous et qui ont eu le souci de promouvoir notre dialecte. Je pense aussi à tous ceux que j'ai connus et qui ne sont plus là et avec qui on a grandi, notamment à Gilbert Wolff, qui a été comme mon grand-père de théâtre, ou Marie-Claire Fritsch, avec laquelle j'ai joué et chanté dans « D'Hostellerie Zuem Polnische Hof ». Tout ça représente beaucoup d'émotion et de plaisirs partagés, de beaux souvenirs, des amitiés, des rires, des larmes, parfois aussi quelques angoisses et du stress.
 
 
Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?
Je ne suis pas strasbourgeoise, alors j'ai envie de répondre simplement « le théâtre ». Sinon, à Wingersheim, il y a un point de vue où on surplombe la plaine et où on voit la cathédrale avec la Forêt-Noire en toile de fond. C'est ça, mon lieu préféré !

Propos recueillis par S. Schaetzlé
 
 
Plus d'informations exclusives dans notre programme,
en vente lors des représentations auprès des ouvreuses.
 
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