Théâtre Alsacien Strasbourg
 
 

La newsletter du TAS, n°14

 

La 120e saison du TAS démarre enfin !

Pour toute l'équipe, qui travaille depuis de longs mois à l'élaboration de ce jubilé, c'est un subtil mélange d'excitation et d'appréhension, bref, de trac, qui domine : le choix des pièces plaira-t-il au public ? Les décors et costumes seront-ils à la hauteur de ce moment historique ? Saurons-nous transmettre à chaque personne dans la salle l'enthousiasme et le plaisir que nous procure le fait de faire vivre notre belle langue sur la scène ? Et surtout, parviendrons-nous à convaincre les spectateurs de nous suivre encore de longues années durant ? C'est en formulant ces vœux que nous vous souhaitons, de tout cœur, une très belle 120 e saison, inaugurée par la pièce qui a lancé l'aventure de la troupe en 1898 : «D'r Herr Maire», de Gustave Stoskopf, et portée par le sémillant Louis Hoennige, qui a accepté de répondre à quelques questions.  

 

«D'r Herr Maire»

Comédie en 3 actes de Gustave STOSKOPF
Avec la participation du groupe folklorique « D'Kochloeffel » de Souffelweyersheim

Mise en scène : Pierre SPEGT

En ouverture de la saison 2017/2018, le TAS présente la comédie « D'r Herr Maire ». Il s'agit de la première pièce écrite en alsacien par Gustave STOSKOPF, membre fondateur du théâtre en 1898. Dès sa création, cette comédie qui dépeint la vie villageoise en Alsace à la fin du XIXe siècle rencontra un succès considérable. La pièce fut jouée à Berlin, devant l'Empereur, mais aussi à Paris en 1904. L'actuel président du TAS, Pierre SPEGT, signe la mise en scène, avec le souci de traduire l'esprit d'une comédie plus que centenaire, tout en adaptant le jeu des comédiens au théâtre d'aujourd'hui.

Monsieur le Maire est bien contrarié ; pour marier sa fille Marie, il a choisi un bon parti, Seppel, le fils d'un riche paysan du village voisin, mais un peu benêt. Évidemment, Marie n'en veut pas. Elle rêve d'un beau garçon, élégant et raffiné, comme celui qu'elle a croisé en ville. Monsieur le Maire attend également avec impatience un diplôme qui l'honore dans ses fonctions. Mais c'est sa domestique Fränz qui se voit récompensée pour ses bons et loyaux services. Arrive le Doktor Freundlich, un érudit follement amoureux de Marie. Il va être à l'origine d'un quiproquo fâcheux : Monsieur le Maire le confond avec le représentant du gouvernement qui devait lui remettre sa distinction tant espérée. Plein d'enthousiasme, monsieur le Maire va entraîner tout son monde dans une folle course … pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Louis HOENNIGE se glisse dans le rôle de monsieur le Maire ; ses charmantes filles, Maryline HEILIG et Bénédicte KECK se voient courtisées par les prétendants Yannick HORNECKER et José MONTANARI, en compagnie d'une vingtaine de comédiens qui se donnent la réplique dans la langue imagée et drôle de Gustave STOSKOPF. Le tout dans de magnifiques costumes 1900, pour une comédie au rythme soutenu qui n'a pas pris une ride en 120 ans !

Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra, place Broglie, à Strasbourg. Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.


Représentations : en soirée, les 4, 6 et 7 novembre à 20 h
et le dimanche 5 novembre à 14h et à 18h.


Renseignement et réservation téléphonique au 06 33 260 300
Achat en ligne sur le site du TAS,
webtas.fr
Les billets sont en vente à la caisse de l'Opéra National du Rhin, place Broglie, de 12h30 à 18h30, et à la Boutique Culture, place de la Cathédrale.

 

 

Distribution :

D’r Herr Maire Louis HOENNIGE

Marie Maryline HEILIG

Grethl Bénédicte KECK

Dr. Freundlich José MONTANARI

Fränz Danielle KNAB

Seppel Yannick HORNECKER

Jerry Julien RIEHL

Pfeffer Julien HENNI

Müller Philippe RITTER

Lehrer Christian LAFFERT

Morte Velte Jean-Paul HUMBERT

Schiere Hans Jean-Louis BURCKEL

Dirrelsbirels Dicker José ROMILLY

Giltbür Nicolas BORNERT

Nejbierel Bruno JUNG

E Velocipedischt Jérémy FISCHER

E Velocipedischtin Sophie PAULI- RINCKEL

Doni Claude MATTHISS

E Lump Alain LESEUX

Dorfpolizischt Alain BUCHMANN

Briefbot Pierre NONNENMACHER

Besitzerin vom e Messtistand Agnès DELFOSSE

E Müsikant Antoine METZ

 

 


 

De nejgierig Storich mecht wisse

 

Discret, élégant, jovial, souriant, toujours fringant, Louis Hoennige a su imposer au fil des années son allure juvénile et son phrasé tranquille sur la scène du TAS. Capable de faire rire en poussant une porte, auteur d'emportements mémorables, il a également marqué les spectateurs dans des rôles plus en demi-teinte. Rencontre avec un acteur indispensable.

Dans « D'r Herr Maire », de Gustave Stoskopf, tu incarnes un maire de village un peu borné, obsédé par l'idée de faire faire un beau mariage d'intérêt à ses filles et de décrocher une médaille impériale. C'est probablement l'un des personnages les plus connus du répertoire alsacien. Comment abordes-tu ce rôle ?

Quand Pierre Spegt m'a appelé, au milieu du mois de mai, ça a été une sacrée surprise ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il me confie ce rôle. J'ai déjà joué dans cette pièce, il y a 30 ans, mais j'incarnais le vélocipédiste, aux côtés de Danielle Missud. C'est alors Gilbert Wolff qui jouait le rôle du maire. J'avoue que j'ai d'abord douté, j'avais peur de ne pas être à la hauteur. En plus, je suis Strasbourgeois et là, il faut parler la langue de la campagne, ce qui demande pas mal de travail supplémentaire. Mais Pierre est mon ami, sa confiance m'honore : je ne voulais pas le décevoir, je ne pouvais pas refuser. Les répétitions se passent très bien. Je me sens très entouré par tout le monde, des plus petits aux plus grands rôles. Le volume de texte ne me fait pas peur, pour le moment j'ai encore de la mémoire. J'ai commencé à travailler il y a plusieurs mois et je me sens en confiance, bien dirigé par le metteur en scène. Je n'ai pas peur non plus de la réception par le public : c'est une pièce au succès éprouvé et la mise en scène, avec sa musique et ses danses folkloriques au 2 e acte, ne peut que plaire ! Pierre est un metteur en scène qui a une grande valeur artistique, comme son père, Marcel, en son temps. C'est Marcel qui m'a ouvert la voie au TAS quand je suis arrivé il y a 45 ans. Il m'a pris sous son aile. On peut vraiment dire « Tel père, tel fils » !

On se souvient de toi notamment en redoutable usurier juif dans « Zwei Brueder », la pièce de Christian Royer qui évoquait le pogrom de Strasbourg de 1349, mais on t'a plus souvent apprécié dans des comédies...

C'est vrai qu'on a plus pensé à moi pour des comédies, mais j'ai quand même joué dans des pièces « sérieuses ». Je pense notamment à « E Wiehnachtsgschicht  », de Jean-Paul Zimmer, adapté de « Un chant de Noël », de Charles Dickens, où j'ai joué Ebenezer Scrooge, un personnage très sombre et torturé. Jean-Paul m'avait énormément fait travailler pour m'amener exactement là où il le voulait. Je pense aussi au personnage d'Argan, dans « D'r Inbildungskrank  », l'adaptation du « Malade imaginaire » de Molière par Claus Reinbolt, dans une mise en scène de Pierre Spegt, qui reste l'un de mes meilleurs souvenirs de théâtre : quel bonheur de jouer du Molière comme un « grand » ! Ces rôles « sérieux » m'ont beaucoup appris et m'ont donc rendu service. Mais c'est sûr que j'aime faire rire. Le rire, c'est la santé, j'en suis persuadé ! J'ai toujours été un boute-en-train, j'ai le moral, c'est ce qui me tient en forme. Je me demande si on peut vraiment faire du théâtre si on ne sait pas faire rire !

Comment as-tu débuté au TAS ?

J'ai fait mes premiers pas sur scène chez les scouts de Saint-Louis, au Finkwiller, à Strasbourg. Je me souviens que, lors d'une fête, j'étais habillé en « rätchwieb », en commère, et que je racontais des blagues. A la fin, elles sont devenues tellement salaces que le curé a tiré le rideau ! Mais il m'a malgré tout demandé de recommencer l'année suivante. Je suis resté chez les scouts jusqu'à mon service militaire. J'ai servi en Algérie, dans les parachutistes, de 1960 à 1962. C'était une période très dure. J'ai vu mourir beaucoup de jeunes de mon âge. Là aussi, j'essayais de distraire mes camarades, en imitant Hitler ou le général de Gaulle. Après la guerre, j'allais souvent voir des pièces au Théâtre Alsacien. Ça me plaisait tellement que j'ai commencé à me dire que je pourrais peut-être jouer moi aussi, mais je ne savais pas comment faire. Je suis allé au bureau de tabac que tenait Marcel Spegt, boulevard d'Anvers, avec l'intention de lui demander conseil, mais il y avait toujours du monde, l'occasion ne s'est jamais présentée.
En 1972, je travaillais à la mairie, place Broglie, en tant qu'huissier du maire. Un jour, j'ai vu passer l'architecte Charles-Gustave Stoskopf, qui a notamment conçu le bâtiment de la faculté de Droit, à Strasbourg. Je savais que le fils de Gustave Stoskopf, fondateur du TAS, était alors président de la troupe. J'ai demandé à Robert Bailliard, le premier adjoint, s'il pouvait lui glisser que j'étais intéressé par le TAS. Ça n'a pas duré longtemps : ils cherchaient justement des comédiens supplémentaires pour les pièces en un acte «D'r Herr Maire muess bliewe» et «D'r Foddel Voltaire» montées l'une à la suite de l'autre. Dans la première, j'ai joué un adjoint un peu bègue. Un rôle comique, déjà ! J'ai donc débuté en même temps que Jean-Paul Zimmer. Plus tard, Germain Muller m'a demandé si je voulais intégrer la troupe du Barabli, mais j'ai refusé pour rester au TAS, où j'ai eu la chance de jouer avec des acteurs fantastiques, comme Félice Haeuser, Robert Fuger, Jean-Paul Frindel, Roger et Yvette Burckel ou encore Mylène Huber.
Par ailleurs, tous les ans, pendant une bonne dizaine d'années, j'ai joué des sketches avec Denise Lamy, François Antoni, Robert Fuger ou encore Marianne Criqui à l'attention des pensionnaires âgés de la Faisanderie, au Neuhof, et du Bois Fleuri, à la Robertsau. Pour la peine, ils nous offraient quelques bouteilles de vin ou un repas. J'en garde un excellent souvenir.

Que t'évoquent les 120 ans de la troupe, que nous célébrons cette année ?

Ça fait 45 ans que je suis acteur au TAS. Quand j'y pense, je me souviens surtout de tous ceux qui m'ont aidé tout au long de ces années et qui ne sont plus des nôtres aujourd'hui. Pour le 90 e anniversaire, j'ai pu jouer dans «D'r Herr Maire». Pour le 100 e, dans «L'Ami Fritz», où je me souviens que nous mangions sur scène une choucroute qui embaumait toute la salle ! Et pour le 110 e anniversaire, j'ai joué le rôle d'Oscar dans «Enfin, redde m'r nemm devun», qui est l'un de ceux qui m'ont le plus marqué...

Quel est ton souvenir le plus mémorable au TAS ?

Le plaisir et la fierté que m'ont procuré certains rôles, comme Argan dans «D'r Inbildungskrank», Oscar dans «Enfin, redde m'r nemm devun» ou encore, plus récemment Bulach dans «De Adler un de Leeb ». Ils me marquent aujourd'hui encore. J'ai également eu le privilège de jouer dans les créations de Philippe Ritter, qui est un auteur d'une grande finesse, à l'écriture très intelligente. J'en profite pour saluer les metteurs en scène avec lesquels j'ai travaillé et qui m'ont tous beaucoup appris et aidé par leurs indications.
Parfois je me dis que j'arrive à un âge où il faudra que je pense à me retirer, parce que la relève est là, nous avons la chance d'avoir beaucoup de jeunes comédiens bourrés de talent. Mais tant qu'on me sollicitera, tant que je serai encore capable de retenir mon texte, j'aurai évidemment toujours plaisir à jouer !

Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?

C'est la place Broglie, parce que j'ai travaillé pendant 35 ans à l'antichambre du maire. Les cloches de la cathédrale rythmaient mes journées. Les trois dernières années, j'étais au service de Roland Ries. Je garde aussi un excellent souvenir du quartier Finkwiller, dont était originaire ma mère et où vivaient mes tantes. Notre local scout était situé tout en haut de la première tour des ponts couverts. Ça fait 30 ans que j'habite Illkirch avec ma femme. On m'a bien fait sentir au début que j'étais un hergeloffener, un homme qui vient d'ailleurs ! Je viens toujours à vélo au théâtre, même en hiver quand il fait froid. En fait, je me déplace toujours à deux roues : je ne prends la voiture que le dimanche, avec ma femme, lorsque nous partons randonner dans les Vosges, du côté du Hohwald.

 

Propos recueillis par Stéphanie Schaetzlé.

 

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